Analyse


Efficacité des interventions visant à promouvoir l’exercice physique en cas de diabète de type 2 ?


15 09 2013

Professions de santé

Analyse de
Avery L, Flynn D, Van Wersch A. Changing physical activity behavior in type 2 diabetes: a systematic review and meta-analysis of behavioral interventions. Diabetes Care 2012;35:2681-9.


Conclusion
Cette méta-analyse, tout en montrant un effet modeste en termes de réduction de l’HbA1c, ne permet pas de déterminer l’efficacité d’une intervention visant à favoriser l’activité physique sur le contrôle métabolique à long terme du diabète. Comme les auteurs le concluent, elle fournit toutefois des pistes pour de futures investigations qui pourraient se focaliser sur certains types d’intervention.


 


Texte sous la responsabilité de la rédaction francophone

 

Nous avons déjà abordé dans la revue Minerva, des RCTs évaluant, dans le cadre d’un programme global de traitement intensif (1,2) ou plus spécifiquement (3,4), l’intérêt de la pratique d’exercices physiques chez les patients présentant un diabète de type 2. Nous avons conclu au bénéfice de programmes associant des exercices aérobies avec des exercices de résistance en termes de diminution de l’HbA1c.

 

Fin 2012 a été publiée une synthèse méthodique avec méta-analyse (5), incluant 17 études randomisées comparant les interventions visant à favoriser les changements de comportement comme l’activité physique chez des adultes souffrant d’un diabète de type 2, avec un suivi minimal d’un mois, et ayant comme critère d’évaluation le niveau d’activité physique et le taux d’HbA1c. Un total de 1 975 patients, avec proportion variable d’hommes et de femmes et un âge moyen de 50 à 70 ans, étaient inclus.

Elle montre une augmentation de la Différence Moyenne Standardisée de l’activité physique : +0,45 (IC à 95 % de 0,21 à 0,68) selon des mesures objectives et +0,79 (IC à 95 % de 0,59 à 0,98) selon l’auto-appréciation des patients. La réduction du taux d’HbA1c est de 0,32% (IC à 95 % de 0,21 à 0,44) et la réduction de l’indice de masse corporelle de 1,05 (IC à 95 % de 0,80 à 1,31).

L’objectif du traitement du diabète de type 2 est de réduire d’une part les évènements cardio(macro)vasculaires associés à la présence de la maladie et d’autre part la morbidité liée à aux complications microvasculaires : cécité, amputation, insuffisance rénale chronique. Dans ce contexte, le taux d’HbA1c représente un des critères d’évaluation de l’effet du traitement. Certaines études ont montré qu’une intervention plurifactorielle comprenant notamment un encouragement de l’activité physique réduit le risque d’évolution vers un diabète en cas d’intolérance glucidique et réduit la mortalité dans le cas d’un diabète avéré (7). Des études d’observation vont également dans le sens d’une réduction du risque coronarien chez les patients pratiquant une activité physique régulière. Toutefois, aucune étude d’intervention n’a investigué de manière spécifique l’effet à long terme d’une intervention visant à promouvoir l’activité physique sur le contrôle métabolique du diabète ou sur le risque de complications. Cette méta-analyse visait donc à fournir des réponses à ce sujet. Les critères d’évaluation sont le taux d’activité physique lui-même (soit mesuré objectivement soit rapporté par les patients), le taux d’HbA1c et l’indice de masse corporelle. Elle porte donc sur des critères d’évaluation de substitution. Seul le taux d’HbA1c présente un intérêt clinique potentiel.

Cette méta-analyse présente plusieurs limites. Certaines études ont été reprises deux ou plusieurs fois dans le calcul global, avec des résultats à 3 et 6 mois, 1 et 2 ans, sans mention de respect des conventions pour la mention de données multiples (6). Les différentes interventions (pas toujours décrites en détail) montrent des performances différentes en termes de réduction de l’HbA1c, sans conclusion possible, en l’absence de régression multiple. L’effet global de l’intervention sur le taux d’HbA1c est modeste (0,32 %), mais il semble constant au cours du temps, jusqu’à une période de deux ans. Les évènements indésirables n’ont pas été rapportés dans les études.

 

Conclusion

Cette méta-analyse, tout en montrant un effet modeste en termes de réduction de l’HbA1c, ne permet pas de déterminer l’efficacité d’une intervention visant à favoriser l’activité physique sur le contrôle métabolique à long terme du diabète. Comme les auteurs le concluent, elle fournit toutefois des pistes pour de futures investigations qui pourraient se focaliser sur certains types d’intervention.

 

Références

  1. Sunaert P, Feyen L. L'étude Steno-2: prise en charge multifactorielle du diabète de type 2. MinervaF 2004;3(2):29-32.
  2. Gaede P, Vedel P, Larsen N, et al. Multifactorial intervention and cardiovascular disease in patients with type 2 diabetes. N Engl J Med 2003;348:383-93.
  3. Wens J. Diabète de type 2 : exercices physiques pour diminuer l’HbA1c ? Minerva online 28/09/2011.
  4. Church TS, Blair SN, Cocreham S, et al. Effects of aerobic and resistance training on hemoglobin A1c levels in patients with type 2 diabetes: a randomized controlled trial. JAMA 2010;304:2253-62.
  5. Avery L, Flynn D, Van Wersch A. Changing physical activity behavior in type 2 diabetes: a systematic review and meta-analysis of behavioral interventions. Diabetes Care 2012;35:2681-9.
  6. Chevalier P. Multiplicité des données et fiabilité des résultats de la méta-analyse. MinervaF 2012;11(3):38.
  7. Gæde P, Lund-Andersen H, Parving HH, Pedersen O. Effect of a multifactorial intervention on mortality in type 2 diabetes. N Engl J Med 2008;358:580-91.
Efficacité des interventions visant à promouvoir l’exercice physique en cas de diabète de type 2 ?

Auteurs

Richard T.
endocrinologue, Service de Médecine Interne CHU de Charleroi-Chimay
COI :

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