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Minerva étant une revue d'Evidence-Based Medicine promeut la diffusion d'une information scientifique indépendante et apporte une analyse critique des publications pertinentes dans la littérature internationale.


Sommaire septembre 2025


Apixaban dans la prévention des AVC chez les patients à fibrillation auriculaire subclinique ?

Page 146 - page 149 

Jayaswal A.  

Cette étude randomisée contrôlée multicentrique, en double placebo et en double aveugle montre que l’apixaban réduit significativement le risque d’AVC ou d’embolie systémique chez les patients à risque porteurs d’une fibrillation auriculaire subclinique détectée par dispositif implantable, comparativement à l’aspirine, avec un profil de sécurité acceptable.


Efficacité et sécurité à long terme de la stimulation spinale cordonale à haute fréquence pour la douleur chronique ?

Page 150 - page 154 

Feron J-M.  

Cette méta-analyse de faible ampleur montre des résultats contradictoires quant à l’efficacité de la stimulation médullaire à haute fréquence dans la douleur chronique. Cette procédure reste une procédure de troisième intention (après prise en charge en première et deuxième ligne de soin) et est à réserver à des indications précises. Cette synthèse méthodique ne permet malheureusement pas de préciser quel profil de patient douloureux chronique pourrait répondre le mieux à cette procédure invasive et ne fait aucune mention des effets indésirables rares mais graves liées à l’intervention chirurgicale.


Efficacité de la course à pied dans la prise en charge de la lombalgie chronique non spécifique.

Page 155 - page 158 

Saubry MI.  

Cette étude randomisée contrôlée suggère qu’un programme individualisé de course-marche pourrait constituer une intervention acceptable et modérément efficace à court terme pour réduire la douleur et l’incapacité liées à la lombalgie chronique, bien que la généralisation des résultats soit limitée par la méthode de recrutement, l’absence de suivi à long terme et l’absence de rapport de certains critères cliniques prévus. De plus, les scores seuils minimaux cliniquement significatifs prédéfinis n’ont pas été atteints.


Le sémaglutide, un médicament potentiellement utile dans le traitement de l’insuffisance cardiaque.

Page 159 - page 162 

Sculier J.P.  

Les résultats de cette étude multicentrique, randomisée, en double aveugle et contrôlée par placebo suggèrent que chez les patients atteints d'une maladie cardiovasculaire athéroscléreuse, en surpoids ou obèses, pourraient bénéficier du sémaglutide, (moins d’évènements cardiovasculaires majeurs, moins d’insuffisance cardiaque, moins de mortalité cardiovasculaire et de mortalité toutes causes confondues) chez les patients avec et sans insuffisance cardiaque clinique, quel que soit le sous-type d'insuffisance cardiaque clinique ». Le profil de sécurité et les taux d'arrêt du sémaglutide étaient similaires chez les patients avec et sans antécédents d'insuffisance cardiaque, ainsi que pour tous les sous-types d'insuffisance cardiaque, ce qui conforte le rapport bénéfice/risque favorable du sémaglutide dans ces groupes de patients.


Quel est l’effet des interventions pour la perte de poids sur les symptômes et les marqueurs biologiques du syndrome de l’ovaire polykystique ?

Page 163 - page 167 

Rodríguez-Viña Polanco B.  

Cette revue systématique avec méta-analyse montre que les interventions qui visent la perte de poids sont associées à des améliorations sur les symptômes et des marqueurs biologiques chez les femmes avec un SOPK, mais quand des analyses de sensibilité excluant les études à haut risque de biais ont été réalisées, les différences dans HOMA-IR, l’insuline à jeun et la fréquence menstruelle n’étaient plus statistiquement significatives. Les limites méthodologiques relevées telles qu’une proportion substantielle des études incluses présentant un risque de biais élevé ou incertain et certaines sources d'hétérogénéité demeurant inexpliquées suggèrent que les effets des interventions analysées varient considérablement. La majorité des études incluses dans la revue ont une durée inférieure à six mois ce qui restreint la capacité à évaluer les effets à long terme.


Les corticoïdes en application locale sont-ils efficaces comme traitement du phimosis ?


16 07 2025 

Spinoit A-F., Dullaert L.  

Cette synthèse méthodique Cochrane avec méta-analyse montre que l’utilisation de corticoïdes topiques pendant 4 à 8 semaines peut accroître la probabilité d’obtenir une résolution partielle ou complète du phimosis, par comparaison avec un placebo ou avec l’absence de traitement. Cette revue systématique avec méta-analyse est de bonne qualité méthodologique, mais elle se base sur des études originales présentant une hétérogénéité clinique et de nombreuses limitations méthodologiques, ce qui réduit considérablement la fiabilité des résultats rapportés.


Prophylaxie par antibiotiques pour les actes dentaires invasifs de manière à prévenir l’endocardite ?


16 07 2025 

Gonzalez-Costa V.  

Cette synthèse méthodique avec méta-analyse montre que la prophylaxie par antibiotiques est associée à un risque significativement plus faible d’endocardite infectieuse après un acte dentaire invasif chez des personnes à haut risque. Elle ne montre pas de bénéfices de la prophylaxie par antibiotiques chez les patients à risque modéré ou faible d’endocardite infectieuse. Ces résultats s’appuient sur des études observationnelles dont la qualité méthodologique est globalement bonne. En raison de l’importante hétérogénéité clinique des études incluses, une seule méta-analyse a pu être réalisée, mais quatre études ont été menées par un même auteur sur deux populations.


En sait-on davantage sur les valeurs cibles de pression artérielle chez la personne âgée hypertendue ?


16 07 2025 

De Cort P.  

Cette synthèse méthodique Cochrane, qui a été menée correctement d’un point de vue méthodologique, de 4 RCTs menées en ouvert, avec un risque de biais limité, montre des gains statistiques limités en termes d’incidence des AVC et des évènements cardiovasculaires graves et de mortalité cardiovasculaire avec une pression artérielle cible < 140/90 mmHg par rapport à < 150-160/95-105 chez des personnes âgées ayant en moyenne 70 ans atteintes d’hypertension artérielle, avec ou sans antécédents cardiovasculaires stabilisés. En raison du manque d’informations dans les études incluses, nous ne pouvons rien conclure concernant le rapport entre les bénéfices du traitement et ses effets indésirables. Cette étude ne permet pas non plus de tirer de conclusion concernant la pression artérielle cible idéale chez les personnes âgées de plus de 80 ans, les personnes âgées fragiles et les personnes âgées présentant des comorbidités plus graves.


Interventions psychologiques chez les enfants et les jeunes présentant un trouble de stress post-traumatique (TSPT).


16 07 2025 

Stas P.  

Bien que l’utilisation d’une méta-analyse en réseau pour cette étude puisse être remise en question du fait que les études incluses présentent une importante hétérogénéité clinique et statistique en termes de populations incluses et d’autres caractéristiques des études, les résultats indiquent que la thérapie cognitive-comportementale (TCC) est l’approche la plus efficace sur le long terme chez les patients pédiatriques présentant un trouble de stress post-traumatique.


Quelle est la valeur des médicaments topiques et des interventions non médicamenteuses dans le traitement de l’acné vulgaire ?


16 07 2025 

Poelman T.  

Cette synthèse méthodique Cochrane de cinq synthèses méthodiques Cochrane originales et une autre synthèse méthodique, qui a été menée correctement d’un point de vue méthodologique, n’a trouvé, pour aucun traitement topique, de données probantes de qualité élevée concernant l’efficacité du traitement de l’acné. Cette revue parapluie ne permet pas de peser le pour et le contre des différentes préparations, en monothérapie et en combinaison, les unes par rapport aux autres.



Apixaban dans la prévention des AVC chez les patients à fibrillation auriculaire subclinique ?

Contexte

Chez les patients présentant une fibrillation auriculaire (FA) non valvulaire et un risque accru d’AVC, les anticoagulants oraux directs (AOD) comme l’apixaban sont recommandés, ayant montré une efficacité comparable à la warfarine en termes de réduction du risque de thromboembolie systémique chez les patients présentant une fibrillation auriculaire clinique sans augmentation du risque d'hémorragie majeure. Minerva a déjà amplement débattu de la place des AODs dans la FA (1-18). 
Détectés par des dispositifs implantables de monitoring à long terme comme des pacemakers et défibrillateurs implantables, des épisodes de FA courts et/ou avec des symptômes non spécifiques ont été mis en évidence. Ils sont courants même chez des patients qui ne présentaient pas de FA cliniquement détectée. Ces épisodes durent de quelques minutes à quelques heures (19). Ils sont fréquents et associés à un risque accru d’AVC ou d’embolie systémique (19). Le terme de « fibrillation auriculaire subclinique » a été proposé pour décrire ces épisodes (20). Toutefois, l’incertitude persiste quant à l’indication d’un traitement anticoagulant dans ce contexte, en raison du risque hémorragique (19). L’étude nommée ARTESIA a donc évalué si l’apixaban, par rapport à l’aspirine, réduit le risque d’AVC chez ces patients à risque, tout en maintenant un profil de sécurité acceptable (20).

 

 

Résumé

 

Population étudiée

  • critères d’inclusion : 
    • patients entre 55 et 75 ans présentant une fibrillation auriculaire subclinique détectée au pacemaker, défibrillateur ou monitoring cardiaque avec au moins
    • un épisode qui dure ≥ 6 minutes mais ≤ 24 heures et un score CHA₂DS₂-VASc ≥ 3 ; exception faite avec les critères d'âge pour 7 patients <55 ans inclus selon l’ancien protocole d’étude
    • l’utilisation concomitante d’aspirine en ouvert était autorisée mais déconseillée
  • critères d’exclusion : 
    • fibrillation auriculaire, indication permanente d'anticoagulation orale, diathèse hémorragique, insuffisance rénale sévère (GFR ≤ 25 ml/min), l’utilisation d’une double thérapie antiplaquettaire
  • 4012 patients ont été randomisés (âge moyen de 76,8 ans, 36,1% étaient des femmes, 94% étaient des Européens blancs, score CHA2DS2-VASc moyen de 3,9 ± 1,1.

 

Protocole de l’étude

Etude randomisée, contrôlée en double aveugle, en double placebo 

  • groupe intervention (n = 2015): apixaban 5 mg 2 fois par jour (éventuellement réduit à 2,5 mg deux fois par jour selon les indications officielles)
  • groupe témoin (n = 1997) : aspirine 81 mg 1 fois par jour
  • arrêt de l’apixaban ou de l’aspirine:
    • en cas de fibrillation auriculaire subclinique de plus de 24 heures ou de fibrillation auriculaire clinique, le suivi se poursuit et un anticoagulant en ouvert est initié
    • si la clairance de créatinine descend en dessous de 25 ml/min, si le patient commence un médicament concomitant interdit, ou si une autre indication pour une anticoagulation à long terme apparaît.

 

Mesure des résultats

  • le critère principal d'efficacité est un critère composite associant accident vasculaire cérébral (AVC) et embolie systémique, évalué dans la population en intention de traiter (tous les patients randomisés), avec censure (ou arrêt) du suivi dès l’apparition d’une fibrillation auriculaire subclinique de plus de 24 heures ou d’une fibrillation auriculaire clinique
  • des analyses de sensibilité ont également été réalisées dans la population “en cours de traitement”, avec censure du suivi 5 jours après l'arrêt définitif du médicament expérimental, quelle qu'en soit la raison
  • le critère principal de sécurité était la survenue d’un saignement majeur
  • autres critères de jugement inclus : la mortalité par cause spécifique, le sous-type d’AVC et les accidents ischémiques transitoires (AIT) avec déficit moteur, aphasie ou d’une durée supérieure à 5 minutes.

 

Résultats

  • dans l’analyse en intention de traiter, le risque du critère principal (AVC ou embolie systémique) était de 0,78% par patient-année sous apixaban contre 1,24% sous aspirine (HR de 0,63 avec IC à 95% de 0,45 à 0,88 ; p = 0,007) ; dans l’analyse de sensibilité, l’incidence du critère principal (AVC ou embolie systémique) restait plus faible avec l’apixaban (0,71% par patient-année) qu’avec l’aspirine (1,29%) ; HR de 0,55 avec IC à 95% de 0,37 à 0,83 ; p = 0,004
  • en revanche, les saignements majeurs étaient plus fréquents avec l’apixaban ; le risque de saignement majeur était de 1,71% par patient-année avec l’apixaban contre 0,94% avec l’aspirine (HR de 1,80 avec IC à 95% de 1,26 à 2,57 ; p = 0,001) ; les hémorragies fatales et les hémorragies intracrâniennes symptomatiques étaient rares et comparables entre les 2 groupes
  • le nombre de décès était similaire dans les deux groupes
  • le risque d’AVC ischémique ou d’AVC de toute cause était également réduit avec l’apixaban, tout comme le risque d’AVC invalidant ou fatal (HR de 0,51 avec IC à 95% de 0,29 à 0,88).

 

Conclusion des auteurs

Les auteurs concluent que « chez les patients atteints de fibrillation auriculaire subclinique, l'apixaban a entraîné un risque plus faible d'accident vasculaire cérébral ou d'embolie systémique que l'aspirine, mais un risque plus élevé d'hémorragie majeure ». 

 

Financement de l’étude

Le financement de l'étude a été assuré par des subventions provenant des Instituts de recherche en santé du Canada, de l’alliance Bristol-Myers Squibb-Pfizer, de la Fondation des maladies du coeur et de l'AVC du Canada, du Canadian Stroke Prevention Intervention Network, de Hamilton Health Sciences, du reseau Accelerating Clinical Trials, du Population Health Research Institute, ainsi que de Medtronic.

 

Conflits d'intérêt des auteurs

Les auteurs de l’étude ont déclaré divers liens d’intérêts, principalement sous forme de rôles de consultant, d’honoraires de conférencier ou de subventions de recherche avec plusieurs entreprises pharmaceutiques et de dispositifs médicaux, notamment Sanofi, Genzyme, Amarin, AstraZeneca, Bayer, Bristol-Myers Squibb, Pfizer, Roche Diagnostics, Abbott, Boston Scientific, Boehringer Ingelheim, Medtronic, Biotronik, Servier Pharmaceuticals et ZOLL Medical Corporation ; certains auteurs ont déclaré n’avoir aucun conflit d’intérêt ; malgré ces collaborations, tous les auteurs affirment que leurs relations n’ont pas influencé la rédaction ou les conclusions du manuscrit, et la transparence de ces déclarations permet d’apprécier l’indépendance de l’analyse présentée.

 

 

Discussion

 

Evaluation de la méthodologie

Cette étude se distingue par une méthodologie rigoureuse, multicentrique et internationale, menée dans 247 centres répartis sur 16 pays d’Europe et d'Amérique du Nord. Le protocole, validé par les comités d’éthique locaux et publié, a été respecté, avec une gestion centralisée indépendante par le Population Health Research Institute sous la supervision du premier et du dernier auteur. Les critères d’inclusion et d’exclusion étaient clairement définis afin de limiter les biais de sélection, et la randomisation ainsi que l’insu étaient maintenus tout au long de l’essai. Le critère principal d’efficacité (AVC ou embolie systémique) a été évalué en intention de traiter, tandis que le critère principal de sécurité (hémorragie majeure) l’a été en analyse par protocole. Les évènements cliniques majeurs étaient validés en aveugle par un comité d’experts indépendants. La taille de l’échantillon initialement prévue (4000 patients) visait une puissance de 80% pour détecter une réduction relative de 35% du risque d’AVC ou d’embolie systémique, avec des analyses intermédiaires prévues. Les méthodes statistiques employées (Kaplan-Meier, modèles de Cox) étaient appropriées, avec stratification selon les critères d’ajustement pour la dose d’apixaban. Le recrutement a été plus lent que prévu. Le taux d’évènements a été inférieur aux prévisions et les auteurs signalent l’arrêt anticipé du traitement en raison de contraintes logistiques (réapprovisionnement). Cela pourrait avoir limité la puissance statistique de l’étude. Néanmoins, la conduite de l’étude, la gestion des données et l’analyse statistique respectent la rigueur, renforçant la validité interne des résultats.

 

Évaluation des résultats

L'étude ARTESIA montre que, chez les patients porteurs d’une fibrillation auriculaire subclinique et à risque d’AVC, l’apixaban réduit significativement le risque d’AVC ou d’embolie systémique par rapport à l'aspirine, notamment pour les AVC invalidants ou fatals, au prix d’une augmentation du risque de saignements majeurs, le plus souvent réversibles. Ces résultats, robustes dans toutes les analyses, suggèrent que le bénéfice clinique de l’apixaban l’emporte sur le risque hémorragique dans cette population. Cependant, l’effet protecteur observé s’applique surtout aux patients à risque, porteurs d’un dispositif implanté détectant la fibrillation subclinique.
La représentativité des participants rencontrés dans les cabinets belges est assurée avec un âge moyen de 76,8 ans, un score CHA₂DS₂-VASc moyen de 3,9, un historique de santé montrant >80% d’HTA, 36 à 38% de maladie coronaires, +/-29% de diabète et d’insuffisance cardiaque et 9% d’AVC, une PA de 135/75 et une GFR de 70 ml/min/1,73 m2. La durée médiane de suivi est adéquate (3,5 ans en intention de traiter). La randomisation a été équilibrée, les caractéristiques de base sont comparables et le taux de perte de suivi reste faible. 
Lors de l'interprétation des résultats, il convient toutefois de tenir compte du fait que le suivi du critère d'évaluation principal a été censuré (interrompu) en cas de fibrillation auriculaire subclinique de plus de 24 heures ou de fibrillation auriculaire clinique. Il était important de censurer les données de ces patients afin de pouvoir évaluer la valeur ajoutée réelle de l'apixaban dans le cas d'une fibrillation auriculaire subclinique. D'autre part, cela a pu atténuer l'effet de l'apixaban dans l'analyse en intention de traiter, en raison de l'anticoagulation en ouvert qui a suivi l'arrêt du traitement à l'étude. Quelques chiffres permettent de mieux appréhender la complexité clinique. Les auteurs signalent que l’apixaban ou l'aspirine ont été définitivement arrêtés pendant le suivi en raison de l'apparition d'une fibrillation auriculaire subclinique durant plus de 24 heures ou d'une fibrillation auriculaire clinique chez 490 patients (24,3%) dans le groupe apixaban et 476 patients (23,8%) dans le groupe aspirine. Le délai médian entre la randomisation et l'arrêt d'un médicament à l'essai en raison de l'apparition d’un de ces deux problèmes de santé était de 18,3 mois (écart interquartile : 8,5 à 34,0). Le médicament à l'essai a été arrêté pour d'autres raisons chez 687 patients (34,1%) du groupe apixaban et 697 patients (34,9%) du groupe aspirine. Le taux de croisement de traitement prévu (8,5%) entre les groupes a pu jouer en défaveur du groupe apixaban, car davantage de patients du groupe témoin ont commencé à prendre de l'apixaban après l'arrêt de l'aspirine. 
L’augmentation du risque d’hémorragie majeure avec l’apixaban est à noter, mais la gravité des évènements hémorragiques reste globalement modérée, avec peu de cas mortels ou d’hémorragies intracrâniennes. Par ailleurs, l’étude n’a pas montré de différence significative entre les groupes concernant la mortalité globale ou cardiovasculaire, ce qui invite à nuancer l’impact clinique global du traitement.

 

Que disent les guides de pratique clinique ?

Selon les dernières recommandations de la Société Européenne de Cardiologie (ESC), la détection d’épisodes de fibrillation auriculaire subclinique (par dispositifs implantables ou monitoring prolongé) chez des patients à risque d’AVC soulève la question de l’indication d’un traitement anticoagulant (21). Toutefois, l’ESC souligne que, contrairement à la fibrillation auriculaire clinique, il n’existe pas encore de preuve définitive justifiant l’instauration systématique d’un anticoagulant oral direct (AOD) chez ces patients, en raison du manque de données robustes sur le rapport bénéfice-risque, notamment concernant le risque hémorragique (force de recommandation IIb, niveau de preuve B) (21). Les recommandations actuelles préconisent donc une évaluation individualisée du risque thromboembolique (score CHA₂DS₂-VASc) et du risque hémorragique, et insistent sur la nécessité de résultats issus d’essais randomisés pour guider la pratique.

 

 

Conclusion de Minerva

Cette étude randomisée contrôlée multicentrique, en double placebo et en double aveugle montre que l’apixaban réduit significativement le risque d’AVC ou d’embolie systémique chez les patients à risque porteurs d’une fibrillation auriculaire subclinique détectée par dispositif implantable, comparativement à l’aspirine, avec un profil de sécurité acceptable. 

 

 


Références 

  1. Grymonprez M, Capiau A. Profil bénéfices-risques des anticoagulants oraux directs à dose standard et à faible dose par comparaison avec la warfarine chez les patients atteints de fibrillation auriculaire. MinervaF 2022;21(6):136-40
  2. Carnicelli AP, Hong H, Connolly SJ, et al. Direct oral anticoagulants versus warfarin in patients with atrial fibrillation: patient-level network meta-analyses of randomized clinical trials with interaction testing by age and sex. Circulation 2022;145:242-55. DOI: 10.1161/CIRCULATIONAHA.121.056355
  3. Chevalier P. Apixaban, dabigatran et rivaroxaban en cas de fibrillation auriculaire: meta-analyse favorable ? MinervaF 2012;11(7):84-5
  4. Miller CS, Grandi SM, Shimony A, et al. Meta-analysis of efficacy and safety of new oral anticoagulants (dabigatran, rivaroxaban, apixaban) versus warfarin in patients with atrial fibrillation. Am J Cardiol 2012;110:453-60. DOI: 10.1016/j.amjcard.2012.03.049
  5. Chevalier P. FA: apixaban versus aspirine en prevention des thromboembolies. MinervaF 2011;10(5):54-5
  6. Connolly SJ, Eikelboom J, Joyner C, et al. AVERROES Steering Committee and Investigators. Apixaban in patients with atrial fibrillation. N Engl J Med 2011;364:806-17. DOI: 10.1056/NEJMoa1007432
  7. Chevalier P. FA et nouvel anticoagulant oral: le rivaroxaban utile? MinervaF 2011;10(9):106-7
  8. Patel MR, Mahaffey KZ Garg J, et al. ROCKET AF Investigators. Rivaroxaban versus warfarin in nonvalvular atrial fibrillation. N Engl J Med 2011; 883-91. DOI: 10.1056/NEJMoa1009638
  9. Chevalier P. Dabigatran versus warfarine en cas de fibrillation auriculaire. MinervaF 2010;9(6):74-5
  10. Connolly SJ, Ezekowitz MD, Yusuf S, et al. RE-LY Steering Committee and Investigators. Dabigatran versus warfarin in patients with atrial fibrillation. N Engl J Med 2009;361:1139-51. DOI: 10.1056/NEJMoa0905561
  11. Verhamme P et De Cort P. Warfarine ou aspirine pour la fibrillation auriculaire de la personne âgée? MinervaF 2008;7(6):92-3
  12. Mant J, Hobbs FD, Fletcher K, et al. BAFTA investigators; Midland Research Practices Network (MidReC). Warfarin versus aspirin for stroke prevention in an elderly community population with atrial fibrillation (the Birmingham Atrial Fibrillation Treatment of the Aged Study, BAFTA): a randomised controlled trial. Lancet 2007;370:493-503. DOI: 10.1016/S0140-
    6736(07)61233-1
  13. De Cort P, Willems R. Un traitement antithrombotique en prévention d’un AVC chez des patients présentant une FA sans valvulopathie? MinervaF 2008;7(6):90-1
  14. Hart RG, Pearce LA, Aguilar MI. Meta-analysis: antithrombotic therapy to prevent stroke in patients who have nonvalvular atrial fibrillation. Ann Intern Med 2007;146:857-67. DOI: 10.7326/0003-4819-146-12-200706190-00007
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  16. Dentali F, Douketic JD, Lim W, Crowther M. Combined aspirin-oral anticoagulant therapy compared with oral anticoagulant therapy alone among patients at risk for cardiovascular disease: a meta-analysis of randomized trials. Arch Intern Med 2007;167:117-24. DOI: 10.1001/archinte.167.2.117
  17. Chevalier P. Clopidogrel et aspirine pour la fibrillation auriculaire. MinervaF 2009;8(10):144-5
  18. ACTIVE Investigators, Connolly SJ, Pogue J, Hart RG, et al. Effect of clopidogrel added to aspirin in patients with atrial fibrillation. N Engl J Med 2009;360:2066-78. DOI: 10.1056/NEJMoa0901301
  19. Healey JS, Connolly SJ, Gold MR, et al. Subclinical atrial fibrillation and the risk of stroke. N Engl J Med 2012;366:120-9. DOI: 10.1056/NEJMoa1105575
  20. Healey JS, Lopes RD, Granger CB, et al. Apixaban for stroke prevention in subclinical atrial fibrillation. N Engl J Med 2024;390:107-17. DOI: 10.1056/NEJMoa2310234
  21. Van Gelder IC, Rienstra M, bunting KV, et al. 2024 ESC Guidelines for the management of atrial fibrillation developed in collaboration with the European Association for Cardio-Thoracic Surgery (EACTS). European Heart Journal 2024;45:3314-414. DOI: 10.1093/eurheartj/ehae176 


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Dernière mise à jour du site : 5/09/2025